Il n’entend plus tinter aux chevilles des femmes
Le léger cliquetis des anneaux argentés ;
Il ne voit plus reluire en leurs yeux pleins de flammes
Le suppliant espoir des promptes voluptés.
La harpe Khaldéenne a lassé son oreille ;
La flûte est douloureuse à son cœur affaibli,
La voix de la colombe irritante est pareille
Au grincement du fer sur le granit poli.
Le Roi songe. Il revoit sa gloire et sa défaite,
Et la chute d’Aram et son peuple meurtri,
Et Schomron délivrée et le morne Prophète,
Et le bras d’Iahvé sur la maison d’Omri ;
Et le royal trésor, semé dans la campagne,
Et par tous les fuyards l’Iarden envahi,
Et les chevaux divins ébranlant la montagne,
Et sur la crête en feu les chars d’Adonaï.
Et voici qu’il cria : — Qu’Hazaël cherche l’Homme,
Le Nabi d’Élohim, Élischâ, mon sauveur !
Que les présents, portés sur les bêtes de somme,
Entassent devant lui le prix de sa faveur. —
Et guidant les chameaux qui pliaient sous la charge,
Hazaël, serviteur de Bèn-Hadad, marcha
Vers la Ville confuse, où, sous la porte large,
Immobile et pensif, s’asseyait Elischâ.
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