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iv
PRÉFACE

textes égyptiens mentionnent souvent, semble sortir de l’ombre, et qu’une langue inconnue fait entendre ses premiers bégaiements. Le déchiffrement des inscriptions a été tenté, et l’on est en droit d’espérer que les ruines de la Syrie, comune celles de Tello, nous dévoileront prochainement leurs mystères.

Ainsi, de toutes parts, les puissants empires d’autrefois ressuscitent et semblent revivre à nos yeux, dans leur réalité. Les documents abondent : les poèmes cosmogoniques et mythologiques, les hymnes, les rituels, les formules magiques, nous font connaître les religions et les superstitions : les monuments figurés, cylindres, bas-reliefs, peintures, objets usuels, nous restituent les cérémonies du culte, les types physiques, les costumes, les mœurs et d’innombrables scènes de l’existence journalière ; les inscriptions royales racontent les guerres, rappellent les fondations ou les restaurations des édifices dont les ruines sont rendues à la lumière : des tablettes et des manuscrits nous initient à la vie civile, aux procès même, aux transactions de toute nature.

À la suite de l’histoire régénérée, guidée par elle, la Poésie a-t-elle le droit de pénétrer dans les mystères du passé ? Sans réveiller ici les discussions sur l’essence et le but de la Poésie, on est néanmoins en droit de se demander s’il ne lui est pas permis d’échapper aux fugitives impressions du moment, et d’errer, comme au milieu d’une vaste nécropole, parmi les cendres des temps qui ne sont plus. Car, de ces ruines, l’homme se dégage encore. Il souffre, il aime, il espère, il meurt. Ses Dieux, dont il