Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/100

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Et les mornes captifs, par mille bras poussés,
Le col roide et tendu vers les cuves prochaines,
Abreuvaient d’un sang frais les Dieux inapaisés.

Silence ! L’ouragan divin que tu déchaînes,
O Krom terrible ! émeut les profondes forêts ;
L’avenir prophétique a rugi dans les chênes.

Les tribus sont debout et les guerriers sont prêts ;
Les bardes inspirés chantent, mêlés aux prêtres,
Le courage et la gloire et les destins secrets.

Et les peuples Kymris, innombrables, sans maîtres,
Sans peur et sans relâche, ont suivi les premiers,
Par l'immense univers, le chemin des Ancêtres.

Comme l’aigle dont l’aile ombrageait leurs cimiers,
Ils ont volé, semant leur fortune et leur race
Des régions du chêne aux pays des palmiers.

Des bords Kymmériens aux monts rocheux de Thrace,
Des mers du noir Ponant aux rives du soleil,
La terre fut promise à leur fureur vorace.

Préparant aux cités un funèbre réveil,
Dans un linceul subit de pourpre et d’incendie,
Ils éclairaient leur route à son reflet vermeil.