Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/110

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Car ébranlant le sol de leurs chocs fratricides,
Féroces ou cléments, triomphants ou trahis,
Depuis deux fois cent ans, les Princes Séleucides
D’Antioche au désert ont foulé les pays.

Et le Prêtre, gardien des rites et des nombres,
A douté de ces Dieux qui ne se vengeaient pas,
Tandis que Philippos, errant dans les décombres,
Tantôt suivait un rêve ou lui parlait tout bas :

— O prêtre Khaldéen, toi l’héritier des Mages,
Qui, seul encor debout parmi les murs détruits,
Aux grands Dieux de ta race as gardé des hommages,
L’étoile à sept rayons palpite au ciel des nuits.

Prêtre, sous d’autres noms roulent les mêmes astres ;
Sous d’autres noms aussi les mêmes Dieux sont là,
Immortels survivants d’innombrables désastres ;
Samas est Hélios, Hadès est Irqalla.

La piété d’Hellas, fille de la Sagesse,
Ouvre des Panthéons à vos divinités,
Et, les reconnaissant, leur offre avec largesse
De nobles piédestaux dans ses temples sculptés.

— Étranger, dont la race est nouvelle et sans crainte,
Lorsque tes Dieux sont nés, indécis et brillants,
Sais-tu que, résidant sur la Montagne sainte,
Les Dieux de Babylone avaient déjà mille ans ?