Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/128

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

L’air joyeux des cités est un air insalubre
Au montagnard grossier, de poils rugueux vêtu.
Adieu, Dorothéos ! Accueille
L’hôte abject et souillé que guide un triste Dieu.
Si la joie est pareille au rameau qui s’effeuille,
Prends garde : le vent souffle ! Adieu !


Ils s’éloignent. Schemouël-bèn-Mikak tend les bras vers eux et crie d’une voix furieuse :


SCHEMOUËL-BÈN-MIKAH.

Que l’ombre soit maudite, ô chiens, où vous entraîne
L’inéluctable main du Seigneur ! Que sa haine,
Comme un feu dévorant, de ses éclats soudains,
Avant l’aube du jour, brûle vos cœurs mondains,
Empoisonne vos mets, verse dans vos breuvages
Le fiel et l’acre sang des animaux sauvages,
Comme autrefois Qorah, dans un gouffre béant
Engloutisse vos corps livrés au noir néant,
Et sans trêve, ici-bas, vous suivant à la trace,
Pendant sept âges d’homme accable votre race
Des maux prophétisés et des fléaux accrus !

S’adressant à Dorothéos.

Hanan, mon fils ! avec tes amis disparus,
Avec le chant profane et l’écho de la lyre,
De ton mobile esprit fuit le triste délire.