Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/129

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Adonaï t’appelle et, m'envoyant vers toi,
Rebâtit sous tes yeux le Rempart de la Loi.
Il te cerne depuis qu’au Temple présentée,
Tomba sous le couteau ta chair ensanglantée ;
Depuis qu’au temps prescrit, ta mère, en chancelant,
Pour l’holocauste pur offrit l’agneau bêlant ;
Depuis que le Seigneur a, dans sa prescience,
Marqué le peuple élu du sceau de l’Alliance,
Et depuis qu’héritiers des antiques nabis,
Les Pieux au désert, lacérant leurs habits,
Couvrant leurs reins domptés d’un sac de poils, plus sombres
Que des roseaux tordus consumés dans les ombres,
Ont devant l’Éternel consacré leurs cheveux
Et des graves Nazirs ressuscité les vœux.

Réveille-toi, Mosché ! Zéroubbabel, contemple
La rouille de l’oubli sur la porte du Temple !
Ils sont venus les jours où se redressera
Sur l’autel des Parfums, érigé par Ezra,
Le simulacre impur des idoles de pierre.
Voici que, titubant et couronné de lierre,
Sur un char triomphal de tigres attelé,
L’abject Dionysos dans l’ivresse a foulé
Les chemins d’Israël et le haut des collines.
Voici que, dédaignant les vieilles disciplines,
Les jeunes hommes nus, frottés d’huile et rivaux,
Ont lutté corps à corps aux gymnases nouveaux
Et, pour les jeux publics désertant les Écoles,
Suspendu leurs lauriers aux socles des idoles.
Sacrilège !