Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/197

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Et leurs noms, prononcés sur les places publiques,
Ont gardé l’âpre écho des syllabes bibliques.
Zadoq et Schimeon, infaillibles docteurs,
Parouschites zélés, ont pour les novateurs
L’indulgence des loups pour les agneaux débiles ;
Et, sûrs qu’il est mauvais de semer par les villes
Un grain nouveau qui germe au fond du cœur humain,
Sans relâche, la torche et la faucille en main,
Ils vont, fauchant l’ivraie et brûlant Torobanche.

Or, ce jour-là, le front voilé de laine blanche
Et le manteau bordé de franges, comme il sied,
Schimeon satisfait près de Zadoq s’assied,
Et vers Jérusalem tournant son regard sombre,
Interroge la route et la porte où dans l’ombre
Des glaives éclatants et des casques ont lui.

Zadoq dit : — Voici l’heure ; — et Schimeon : — C’est lui. —

Zadoq reprit : — La mort, quand la sentence est juste,
Rend la vertu plus ferme et la Loi plus auguste.
Il est écrit : Du camp par le peuple arraché,
L’homme qui blasphéma portera son péché
Et mourra.

                    — Béni soit le Nom ! La Loi divine
Dit : Qu’il soit lapidé, Père ; et sur la colline
J’ai vu creuser les trous où sur d’abjectes croix
Jésus et les voleurs seront cloués tous trois.