Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/207

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Tu n’étais point le Grec aux fabuleux mensonges,
Ni le Romain suivi de clients intrigants,
Le Khaldéen nocturne, interprète des songes,
Le Syrien vendeur de philtres et d’onguents.

Sous la bise, dit-on, ta mère, une humble Juive,
Trouva pour t’enfanter l’étable aux murs fendus.
Que m’importe ! Assez beau pour que l’amour te suive,
Foule, ô royal Époux, nos manteaux étendus !

O jeune homme ! ô martyr ! certe elle était divine
Comme la bonne Isis et la grande Astarté,
Celle qui fut ta mère et qui sur la colline
Te vit mort et pendant au bois ensanglanté.

Sanglote, ô Déméter, avec ta sœur jumelle,
La Juive douloureuse, au cœur sept fois percé !
Celui qu’elle a perdu, nous le pleurons comme elle,
Et nos baisers pieux cherchent son flanc blessé.

Nous viendrons, ô mes sœurs, ivres de saintes fièvres,
Vers le roc sépulcral, comme à Byblos jadis,
En longue théorie, user d’ardentes lèvres
La plaie ouverte au sein du nouvel Adonis.

Pâles, le front voilé, sur les places publiques,
Nous traînerons l’attente et l’angoisse et le deuil,
Epiant le réveil des jardins symboliques
Où, le troisième jour, pointe le vert cerfeuil.