Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/225

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Gigantesque et terni qu’un trait rapide aveugle.
Et j’ai vu, dans la mer qui se convulsé et beugle,
Les étoiles sombrer et les monts s’engloutir,
Et du gouffre béant de l’Abîme sortir
Soudainement le dos de monstrueuses lies.
Et sous les rochers creux cherchant de vains asiles,
Les hommes, Rois, guerriers, esclaves, chefs, tribuns,
Unissant les clameurs de leurs effrois communs,
Hurlaient : — Écrasez-nous, montagnes ! Neiges blanches,
Sur nos fronts éperdus versez vos avalanches !
Volcans, versez le flot de vos laves en feu !
Dérobez notre face à la face de Dieu ;
Car le monde a tremblé sur sa pierre angulaire
Et le jour qui se lève est le jour de colère ! —


III

Silence pour un temps, Anges des horizons !
Des vents dévastateurs refermez les prisons.
Par le souffle hivernal, par l’ouragan sonore
A la terre, à la mer, ne nuisez point encore,
Avant qu’aux fronts choisis des enfants d’Israël
L’Agneau n’ait du Salut posé le sceau réel,
Et marquant leurs milliers du signe indélébile,
Dans les douze tribus compté les douze mi