Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/226

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lle.

Silence ! ils sont comptés.

                                           De blancs manteaux vêtus,
Offrant comme un parfum l’encens de leurs vertus,
De l’éternel festin immuables convives,
Regardez-les marcher vers les bassins d’eaux vives,
Eux qui, lavés naguère au sang de leur Pasteur,
Vers le Trône étoilé suivent le Rédempteur.

Maintenant embouchez les clairons des tempêtes,
Anges des sept fléaux, sonnez les sept trompettes !
Le dernier sceau du Livre est brisé pour jamais,
Et le grand Encensoir, jeté des bleus sommets,
De ses charbons épars embrase la nature.
Crépite, grêle en feu ! Déborde, ô sang ; sature
Le putride océan, des poissons déserté !
Tombe, montagne ; emplis de ton énormité
L’abîme sans limite où sombrent les navires !
Croule, flambeau trompeur, étoile qui chavires
Du haut du ciel, Absinthe ! et dans le tiers des eaux,
Dans les puits, les torrents, les sources, les ruisseaux,
Dissous l’amer poison de ton nom d’amertume !
Soleil, lune, astres froids qu’a dévorés la brume,
Tels qu’aux blafardes nuits, tels qu’aux matins d’hivers,
De vos blêmes clartés n’épanchez plus qu’un tiers ! —

Or, quatre fois déjà les clairons angéliques
Avaient des horizons échangé leurs répliques.