Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/249

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Et dans Jérusalem ressuscitant une ère
Plus funèbre que celle où Nébukadnézar
Dans le Parvis rasé fit reculer son char,
Par la fureur civile accrut l'horreur guerrière ?

L’Autel est sans parfums et la Table de pierre
Des dons quotidiens est veuve désormais.
L’ombre des derniers jours gagne les trois sommets ;
Voici l’heure. Ouvrez-vous, portes du Sanctuaire !
O torches, embrasez le bûcher mortuaire !
Flammes, tourbillonnez et ne laissez debout
Que des pans de murs noirs vêtus d’un or qui bout !
Entre avec l’incendie, ô Titus, et contemple
La profondeur secrète et la beauté du Temple !

Une immense clameur emplit le Saint des Saints
Et répond dans les cours aux souffles des buccins.
Zélotes, prêtres, tous, désertant les exèdres,
Vers les balcons, sculptés dans le cœur des vieux cèdres,
S’élancent, et du haut des toits vertigineux,
Arrachant le faîtage et les clous épineux
Que scelle un plomb massif dans le fronton d’albâtre,
Font sur l’envahisseur tournoyer et s’abattre
Une grêle de fer et de marbre et d’airain.

Vains efforts ! Le torrent de feu roulait sans frein.

Alors, ô légions, alors, ô chefs, vous vîtes
Sur la crête embrasée émerger des Lévites