Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/28

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Zeus sauveur s’élancer vers leurs autels déserts,
Et comme aux anciens temps des suprêmes désastres,
Dans le ciel Khaldéen monter de nouveaux astres.
Comme un grand sacrifice offert au jeune dieu,
Ils ont vu flamboyer Persépolis en feu
Et, de l’Egypte au Pont, compté dans leurs étapes
Les royaumes conquis au nombre des Satrapes.
Barbares belliqueux, Mèdes et Baktriens,
Peuplades des forêts, des monts aériens,
Des déserts ignorés où le sable funeste
Cache en ses longs replis la famine et la peste,
Tous ont suivi le char symbolique et vainqueur
Où, plein de gloire, heureux, divin, l’orgueil au cœur,
Alexandre, vêtu d’une pourpre choisie,
Semblait Dionysos qui traversait l’Asie.

Mais que de maux soufferts et que de jours, ô Dieux !
Loin des champs paternels où sont morts les aïeux,
Loin des sentiers abrupts et des vertes vallées
Que baignait le Strymon de ses ondes gonflées !
Où sont les sûrs abris et les caps blanchissants,
Et la mer Egéenne aux flots retentissants,
Et les prés étendus où les chevaux superbes
Bondissaient librement dans l’épaisseur des herbes,
Et les murs de rochers et les monts orageux,
Et les sommets divins de l’Olympe neigeux,
Et le fertile enclos, près des chères demeures
Où l’épouse a compté le vol tardif des heures ?
Que de héros vieillis, de guerriers forts et beaux,