Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/113

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l’heure quelque vieillard, premier poète et premier prêtre, y mêla le nom d’un dieu ? De quelles légendes primitives sont dérivées les grandes théogonies de la Khaldée, de la Phénicie, de l’Egypte et de l’Éran ? Nous l’ignorons ; mais nous constatons l’influence qu’elles-mêmes exercèrent sur les mythologies et les croyances de la Grèce et d’Israël. Que ne doit pas enfin à la philosophie hellénique et à la pensée hébraïque la théologie chrétienne ?

Le lien même qui unit entre elles les religions humaines à rattaché l’un à l’autre les poèmes des SIÈCLES MORTS. Les trois volumes n’en forment en réalité qu’un seul. En publiant le premier, L’ORIENT ANTIQUE, l’auteur essaya d’élever un péristyle barbare qui ressemblât à ces monuments informes, bâtis de blocs gigantesques, s’ébauchent de rudes et massives représentations de monstres. Les héros de ce livre sont les Dieux dont les rois sont les reflets. L’homme est si faible encore ! il apparaît si vague et si tremblant dans la fumée rouge des incendies et des sacrifices ! Il pense sans doute, mais il sent surtout ; il redoute les éléments ; ce qu’il divinise, ce qu’il adore, ce sont les forces fécondes et les étranges voluptés. La voix des Dieux, le rut violent de leurs amours’ étouffent les plaintes de l’humanité.

Si dans L’ORIENT GREC le titre même interdisait à l’auteur de consacrer à la divine Hellas des poèmes particuliers, le poète a du moins voulu répandre sur son œuvre le rayonnement du flambeau sacré et le parfum lointain des lauriers attiques. Plus souple, déjà plus vivant, plus abordable aussi