Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/140

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


NARTHALOS.

Telle d’une ruine, en un marais gisante,
Naît une cité neuve, immense et florissante.


PARMÉNAS.

Maintenant inquiets, épars, baissant la voix.
Nous dérobons nos Dieux, et nos tristes prières
Se mêlent aux frissons des feuilles dans les bois.
Mais les chênes sacrés cachent dans les clairières
Des autels de gazon que la chèvre ou l’agneau
Teignent d’un jeune sang qui fume vers la nue.
Un cippe est dressé là qu’étreint le lierre ; une eau
Pure et claire, puisée à la source connue,
Pour la libation s’épanche de nos mains.
Et nos Dieux indulgents, doux, amis des humains,
Humbles comme nos vœux, comme nos cœurs modestes,
Aiment l’hommage ému d’un culte agonisant
Et la fidélité de nos présents agrestes.
Mai prodigue ses fleurs, Juillet le grain pesant,
L’automne, le raisin pourpré, les belles pêches ;
Même l’hiver glacé réserve aux Dieux chéris
Des offrandes de vin, de lait et de noix sèches.
De ces dons naturels les Dieux savent le prix.


NARTHALOS.

L’ironique pitié, voisin, rit sur ma lèvre.
Un tertre gazonné dans un halli