Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/239

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os vermeil
Et, du mystère antique ouvrant les portes closes,
Révélez-nous l’essence et la raison des choses !


PHŒBION.

Les Dieux, rêves d’un jour, gisent dans leurs tombeaux ;
Le monde ébranlé croule et les derniers flambeaux
S’éteignent. La nuit vient : les nombres et les astres
En leurs combinaisons roulent de grands désastres ;
L’homme, comme un enfant brisant ses vains jouets,
Reste, stupide et nu, devant ses Dieux muets.
Praxilla ! la Nature est seule encor vivante
Dans sa puissance altière et sa splendeur mouvante,
Élaborant la vie et la mort à la fois.
L’être inconsciemment végète sous ses lois ;
Mais d’une âme hautaine, au devoir obstinée,
Sur l’ordre universel réglant sa destinée,
Le sage, de vigueur et de fierté vêtu,
Roi par la volonté, règne par la Vertu.


THÉOPHANÈS.

Il est vrai, Phœbion ! L’humanité punie,
De ses Dieux oubliés dédaignant l’agonie,
Dans la nuit éternelle eût avec eux sombré,
Malgré l’orgueil stoïque et surhumain, malgré
La noble austérité de la vertu païenne,
Si, du mensonge impur rompant la trame ancienne,
Un Dieu ne l’eût sauvée au prix d’un sang divin.
Du fond des siècles morts qui l’espéraient en vain