Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/98

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Mystère ! Drame heureux ! Symbole manifeste
Qu’enseigne Pessinunte ! O naissance, ô bienfait !
Attis est descendu de la cité céleste ;
Il naît ! La Vierge-mère a conçu du Parfait !

C’est lui dont la Nature est la jalouse amante ;
C’est lui pour qui s’émeut la Terre aux vastes flancs,
Quand il vient, escorté de la foule écumante
Des grands lions ignés et des Galles hurlants.

Attis, fécondateur des formes et des choses,
Lorsque le fer trancha ta chair, ivre d’effroi,
Ce fut le vain désir vers l’infini des causes,
O Mutilé divin, qui souffrit avec toi !

Et lorsque, délivré des voluptés charnelles,
Volontaire martyr, lavé d’un sang vermeil,
Tu montes, le front ceint d’étoiles éternelles,
Siéger, mystique et pur, au centre du Soleil,

Ton triomphe sanglant est la victoire austère
De l’ordre universel sur l’amour réprouvé ;
Et notre âme à son tour, échappant à la terre,
S’élance pour te suivre au firmament rêvé.

Fleur de l’arbre sacré, fruit tombé de la vie,
Hors des cercles fuyants de l’espace agité,
Attis, accueille-la, transparente et ravie,
Dans l’immatérielle et sereine Unité !