Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/99

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J’ai dit. Le sang pourpré coule de ma blessure,
Mon âme fuit ; je meurs. Les astres radieux
Brillent, la lune émerge et tout le ciel s’azuré ;
Dans l’indulgente nuit j’entends venir les Dieux.

Le Roi-Soleil les guide et dans la sainte aurore
Ils grandissent, unis, visibles, lumineux,
Et l’univers charmé chante et salue encore
Le Vrai, le Beau, l’Amour et la Justice en eux. —

Et la pieuse voix se tut, et dans l’espace
Ton rêve, ô Julien, s’envola pour jamais,
Comme un aigle blessé d’une aile déjà lasse
S’élève et pour mourir gagne les purs sommets.

Meurs et bénis la mort si ton oreille est sourde,
Si ton regard est clos par un sommeil pesant.
Que la funèbre pierre à ta cendre soit lourde,
Prêtre ! ne reviens plus vers le temple gisant.

Tes Dieux se sont couchés sous leurs autels sans culte,
Et l’avenir, encor paré de leurs lambeaux,
Dans la haine et le sang, plante, suprême insulte,
La croix galiléenne au seuil de leurs tombeaux.