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Page:Guesde - En Garde !, 1911.djvu/184

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liste impuissant dans un gouvernement capitaliste, en provoquant des espérances irréalisables, préparait la faillite du socialisme. Je vous ai montré ensuite comment, quand un gouvernement bourgeois avait l’air de subir une collaboration socialiste, ce n’était que dans l’intention de s’en servir comme d’un bouclier contre les attaques du parti socialiste. Il me reste maintenant à vous indiquer une dernière conséquence — et la plus néfaste peut-être — du partage du pouvoir en période capitaliste.

J’étais, il y a quatorze mois environ, à Stuttgart, au Congrès de la démocratie socialiste allemande. Le protectionnisme était à l’ordre du jour. On se demandait si le socialisme pouvait réclamer pour l’industrie ou pour l’agriculture des tarifs protecteurs. La discussion a été longue et profonde. Des arguments pour et contre ont été produits. Mais il y en a eu un qui a fait pencher la balance, tellement il a paru décisif ; c’est celui-ci : réclamer des tarifs douaniers, c’est aller contre l’union internationale des travailleurs, c’est coudre le prolétariat de chaque pays à la classe capitaliste de chaque pays, sous prétexte d’intérêt commun, au lieu d’associer, par-dessus les frontières, pour leur commune libération, les volés et exploités de partout, ne formant qu’une seule nation, contre les voleurs et les exploiteurs de partout. Et « considérant que les droits protecteurs vont contre la solidarité internationale du prolétariat, en aggravant artificiellement entre les na-