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Et surtout, retiens bien ceci : ne fais jamais ton conseiller d’un vilain, ni du fils d’un prévôt, ni du fils d’un bailli ; ils te trahiraient pour un petit bénéfice ! Mais le noble guerrier Guillaume, le fils d’Aymeric de Narbonne, le frère du brave Bernard de Brebant.... si ceux-là veulent t’aider et te secourir, tu peux bien te fier à eux.

— Par mon chef, répondit le jeune prince, vous dites vrai.

Et il alla se jeter aux pieds de Guillaume, qui se hâta de le relever en lui demandant :

— Damoisel, que me voulez-vous ?

— Au nom de Dieu, monseigneur, secours et protection. Mon père affirme que vous êtes un brave chevalier, qu’il n’y a baron sous le ciel qu’on puisse vous comparer ; eh bien ! je mets mes terres et mes fiefs entre vos mains, pour que vous me les gardiez jusqu’à ce que je puisse manier la lance et l’épée.

Le comte le lui promit et lui jura, sur les saintes reliques de la cathédrale, qu’il ne retiendrait pas pour la valeur de quatre deniers de sa terre, qu’il la lui rendrait sans l’amoindrir d’un demi-pied.

Mais il pria l’empereur de retarder son abdication jusqu’à ce qu’il eût accompli un pélerinage à Rome que depuis longtemps il avait juré d’entreprendre.

L’empereur lui accorda à regret sa demande et le comte prit congé de lui. Quarante chevaliers et trente chevaux de somme, chargés d’or et d’argent, furent mis à sa disposition. Sans tarder le comte se mit en marche. Le jeune Louis l’accompagna assez loin, puis prenant congé, il dit à celui qu’on appelait Guillaume Bras-de-fer :

— Noble comte, vous voyez que mon père est sur le point de mourir ; il est vieux et affaibli et ne portera plus les armes. Moi, je suis jeune et de peu d’expérience ; si vous ne me secourez pas, tout ira mal.

— Ne vous mettez pas en peine, lui répond le comte ;