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Page:Guimet - Promenades japonaises, 1880.djvu/249

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promenades japonaises

Les voyageurs à pied, à cheval, en voiture, sont assez nombreux et tous sont des pèlerins qui profitent d’un moment où les récoltes les laissent tranquilles pour visiter le Japon et rendre hommage successivement à toutes les divinités tutélaires de la patrie.

Le pays devient de plus en plus montagneux, et parfois devant les maisons court un petit torrent où les femmes lavent le linge du ménage.

L’interprète m’a annoncé que nous coucherions à Outsounomya, ville importante, où eurent lieu les deux grandes batailles qui rendirent au Mikado la domination du Japon.

Mais voilà qu’on nous arrête à Ishibashi, et les djinrikis nous annoncent qu’ils passeront la nuit là. L’endroit me paraît de médiocre importance et, comme il y avait eu engagement d’arriver le second jour à Outsounomya, je pense qu’il est bon d’être mécontent.

J’envoie promener l’interprète qui s’en prend aux hommes, lesquels s’organisent en émeute.

Tshiouské et Kédjiro, mes deux traîneurs, qui se sont un peu familiarisés avec moi, prennent la parole.

Tshiouské, grand, maigre, aux traits énergiques, paraît fort mécontent ; il déclare être révolté de mon manque de pitié pour des hommes harassés par onze heures de course.



La situation est embarrassante, et je suis au fond tout à fait de l’avis de Tshiouské.

Kédjiro, jeune gaillard de vingt ans, veut aussi dire son mot ;