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Page:Guinault - Le numéro treize (1880).pdf/12

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LE NUMÉRO TREIZE

Le matin dés saints vendredis,
Jeûne, tu trouveras des nids.

Dès qu’un d’entre nous savait où s’était établie une famille de linots, de merles ou de bouvreuils qui parlent si bien, vite, il avertissait les autres et l’on courait au lieu désigné.

— Tiens… c’est là !

On grimpait sans crainte du danger.

Le vent balançait fortement la cime de l’arbre, les branches craquaient, le pied glissait parfois sur l’écorce lisse… un mouvement mal calculé et le dénicheur était tué sur le coup… Qui s’en préoccupait ? Une seule pensée dominait : le nid.

Oh ! arriver, les yeux brillants de désirs et de joie, arriver à la branche où dorment les oiseaux, retenir sa respiration haletante, se cramponner au tronc des genoux et d’un bras, étendre la main… quelle émotion ! Comme le cœur bat !

Les petits sont là tout palpitants. La mère épouvantée a fui : ils ont froid, ils l’appellent ; un léger duvet couvre à peine leur corps frémissant : il leur faut l’aile maternelle pour ne pas mourir,

La mère le sait, elle revient accompagnée du père ; les malheureux, dans leur désespoir impuissant, heurtent leurs ailes aux branches ; ils poussent des cris plaintifs.

— Attends ! crient ceux d’en bas, nous allons leur faire peur pour qu’ils s’en aillent. — Ne les penche pas tant, ils vont tomber !

La petite main tremblante, tenant la jeune