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Page:Guinault - Le numéro treize (1880).pdf/24

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LE NUMÉRO TREIZE

— À la bonne heure ! dit le père Lascience en frappant dans ses mains, travailler gaîment pour ; sa famille, voilà quelque chose de bon à retenir ! Mathurine, vous devriez toujours chanter… N’est-ce pas Marie-Jeanne ?

— Oui, répondit ma mère, c’est vraiment plaisant d’entendre des chansons qui ne portent nuisance à personne.

— Ce n’est pas mon intention non plus de faire tort au prochain.

— Je le sas bien ! Mais on fait du mal sans s’en douter et bien plus que vous ne croyez, Mathurine. Puisque vous voilà de bonne humeur nous allons raisonner tous les deux…

— Tu auras beau faire, l’ami, dit mon père, en posant sa main sur l’épaule du parrain, tu prêches dans le désert. Vois-tu, elle a ces idées-là dans la tête, de jeunesse. Empécheras-tu les femmes d’ici d’avoir foi en toutes sortes de balivernes, quand des hommes y ont croyance ?

Le père Lascience secoua la tête d’un air pensif.

— Ah ! si l’on pouvait envoyer les garçons à l’école ! Mais, laissez-les donc aller, l’hiver, à une grande lieue d’ici, par des chemins abominables !

— Que c’est malheureux d’être condamné à ne pas seulement connaître son A, B, C !

— Parbleu ! interrompit le gros Colas, quand on ne saurait pas lire, on n’en meurt pas |

— C’est possible, mais…

— Nous voilà bien, nous autres, arrivés à la cinquantaine, sans savoir ni A, ni B.