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Page:Guinault - Le numéro treize (1880).pdf/30

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LE NUMÉRO TREIZE

— Ma foi, rien | Je n’y songe pas.

— Maïlheureuse !… et tu te plains, toi ! Tu n’as donc pas seulement un rameau de…

— Non… vous me faites peur.

— De fougère mâle accroché à ta cheminée ?

— Non, Mathurine.

— Alors, je ne m’étonne pas si on jette des sorts à ton bétail !

— Oh ! voisine, voisine. Ma pauvre vache ! ma pauvre Colette ! Un sort ?…

— Pourquoi veux-tu qu’elle enfle, Toinon ?

Toinon se mit à sangloter.

— Hi ! hi ! hi ! une si belle bête ! douce comme un agneau, qui ne regarderait pas un enfant de travers, qui me lèche comme un chien quand je vais la traire, et qui… hi ! hi ! hi !

— Voyons, ma Toinon, tu me fais peine ; ne te désole pas ! Je vais te dire une parole… fais-en ton profit : Celui qui a donné le mal peut le retirer. Va trouver le père Lascience.

— Lui ? Je m’en doutais !

— Tu n’es point sotte, ma fille ! Tu vas donc aller le trouver.

— Eh ! Mathurine… c’est que… je n’ose pas :

— Tu n’oses pas ? Alors ta bête est morte :

— Oh ! non, dites ? J’y cours… j’y cours !

Le père Lascience revint avec la Toinon ; il examina l’animal.

— Elle a mangé du trèfle nouveau, votre vache.

— Ça se pourrait.