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Page:Guinault - Le numéro treize (1880).pdf/31

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LA VEILLÉE

— Tenez ! donnez-lui cette drogue-là, avant peu elle sera sur pied.

La vache fut, en effet, rapidement guérie : Toinon alla aussitôt en porter la nouvelle à Mathurine :

— Vous aviez raison, voisine !

— Ah ! tu vois !

— C’était lui, ma chère ! Il a même deviné ce que Colette avait mangé.

— Ainsi !

— Oh ! oui, c’est louche ! Paraît qu’il a prédit à la Mathieu que si elle ne soignait pas son petit qui a, selon lu, une mauvaise toux, dame…

— Vois-tu, ma fille, savoir ce que les autres ne savent pas, ce n’est pas naturel ! On a beau dire, les croyances des vieux, c’est des bêtises ! Je t’ai toujours sauvé ta vache, moi, — par mon conseil. Quant à lui, prédire les choses d’avance, ce n’est pas bon signe…

— Votre raisonnement est juste ; mais, chut ! ne parlons pas de ces choses-là trop haut !

— Oui, oui, bouche close ! Seulement, que je te donne encore un conseil : ne laisse pas la porte de ton écurie ouverte le soir, ma petite ! Chut !

— Soyez tranquille : chat échaudé…

— Chut !…

C’est ansi que les superstitions se transmettaient et s’enracinaient. Il n’y avait pas de chose si simple qu’elle fût qui ne prît une tournure surnaturelle, tant il est vrai que la super-