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Page:Guinault - Le numéro treize (1880).pdf/43

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LE PÈRE LASCIENCE

Je regardai la figure de Thomas. Elle était blême.

— Bonnes gens ! le voilà dans ma pièce !

— Malheur ! il est dans la pièce à Thomas ! Hélas ! tu as donc fauté, mon pauvre Thomas ?

Thomas tremblait de tous ses membres.

— Thomas ! Thomas ! disait-on de toutes parts, c’est à toi qu’il en veut !

— Il va semer le ver blanc dans son champ…

— Brûler sa vigne…

— Périr son bétail…

— Emporter son âme…

— Qu’est-ce qui parle de foin ?… Je le rendrai son foin ! pour si peu !… Je fais vœu de rendre le foin ! Oui… de… ren… dre… le… foin… Le foin… Oh ! tout de suite ! tout de suite !

Il partit en courant.

Cependant la diabolique apparition était toujours visible et les cris se faisaient entendre par intervalle.

On prit enfin le part de traquer le gare-loup de façon à ce qu’il rentrât sous terre du côté de la Butte-au-Diable d’où il avait dû sortir.

Il faut dire que, par prudence, on ne s’en approchait pas trop ; mais, on criait à en perdre la voix.

Elle faisait vraiment un effet magique dans la nuit la citrouille du parrain, se promenant majestueusement dans les grands prés en haut de la botte de paille debout sur sa tête, disparaissant subitement selon que mon parrain tournait