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Page:Guinault - Le numéro treize (1880).pdf/44

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LE NUMÉRO TREIZE

la partie éclairée ou l’autre vers ceux qui le poursuivaient et qui venaient en bande se serrant les uns contre les autres.

C’est le seul revenant que j’ai vu de ma vie, mais quelle taille ! presque trois mètres de hauteur… t quelle voix !

Je jetai mon bonnet en l’air et je fis une culbute en l’honneur du parrain.

Deux heures après, le village avait repris son calme habituel : les balais, les pioches et les paysans étaient rentrés à leur domicile, tout danger ayant disparu.

C’est en vain qu’on aurait battu la plaine, le gare-loup, sans être inquiété, reprenait le chemin de sa demeure, sa citrouille sous un bras, sa clarinette dans sa poche, abandonnant sa botte de paille sur le bord d’un sentier.

Pendant huit jours on ne parla que de cela, c’était une bonne aubaine pour les conteuses qui brodèrent suivant la richesse de leur imagination.

Le parrain était enchanté.

— Hein ? quel succès ! Je te disais bien que mon foin aurait des jambes. N’en parle pas surtout ! On peut avoir besoin de recommencer.

— Pas de danger !

— Si je te montre les ficelles, vois-tu, c’est pour t’empêcher d’être bénêt comme eux, pour que tu sois honnête, non comme aucun d’ici ? par peur, mais par principe. Puis, ça te donne une idée du monde. Voilà à quoi s’exposent les ignorants : à être menés, joués, bernés. Toi, profite