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Page:Guinault - Un républicain au village (1876).pdf/10

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sent tout doucement en vous disant qu’il y a un précipice là où il n’y en a pas, pour que vous mettiez le pied juste sur leur traquenard. Ces gens-là, quand la bête sera prise, attachée et muselée, recevront une bonne place où ils n’auront qu’à toucher beaucoup d’argent et faire la révérence au roi. Soyez donc sur vos gardes et écoutez au moins une fois un homme qui ne demande rien à personne, qui ne craint pas même pour sa vie, qui ne désire qu’une chose : le bien public, et qui voudrait faire connaître à tous la vérité, parce que c’est son devoir de républicain.

— Seigneur ! dit la femme au gros François, vous, républicain, monsieur, vous avez pourtant l’air d’un brave homme.

Le monsieur sourit. — Vous ne savez pas ce que c’est que la République, parce que les agents de l’Empire et d’autres qui vivent de votre travail l’ont toujours calomniée auprès de vous, et pourtant, mes amis, sans elle vous seriez encore l’esclave des seigneurs, c’est-à-dire quelque chose de semblable à ce qu’est pour vous votre chien, que vous pouvez battre à tort ou à raison ; que vous pouvez même tuer sans que cela regarde personne.

Si au lieu d’être des serfs, comme on appelait ces esclaves, vous êtes des hommes libres ; si vous pouvez acheter et vendre, et garder vos récoltes sans en donner une partie à tel ou tel, c’est à la République que vous le devez.

La République, c’est votre mère, puisqu’elle vous a