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Page:Guinault - Un républicain au village (1876).pdf/9

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même chose pour les hommes et pour les femmes, et il importe que tous la connaissent, parce que, hommes et femmes, vous êtes liés par les mêmes intérêts.

— Bon, dit le grand Matthieu qui a donc été fait prisonnier à la guerre, tu sais ? nous allons censément faire un club, comme on dit à Paris.

— Pas vrai, monsieur, reprend mon homme, pour en revenir à nos moutons, que les républicains, c’est de faignants qui veulent manger le bien des autres, qui ne croient ni à Dieu, ni à diable et qui nous font arriver un tas de malheurs avec leur République.

— Vous ne savez pas ce que c’est que la République, mes amis.

— La République, répond le gros François, c’est un gouvernement où les gredins vous arrachent le pain de la bouche et assassinent tous les braves gens.

— Mes pauvres enfants, dit le monsieur, vous êtes bons, votre cœur est droit, vous ne vous défiez pas assez des pièges qu’on vous tend. Vous êtes une proie que se disputent plusieurs princes dans ce moment, parce que celui d’entre eux qui vous possédera pourra jeter par les fenêtres l’argent que vous avez tant de mal à gagner, habiter des palais, bâtir des châteaux, avoir ce qu’il y a de meilleur et de plus beau, être vos maîtres enfin. Aussi ils recouvrent leurs traquenards de tout ce qui peut vous attirer ; et ils envoient vers vous des gens qui vous pous-