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Page:Guinault - Un républicain au village (1876).pdf/11

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faits des hommes, vous qui, il n’y a pas cent ans, étiez une propriété et pas autre chose. Mais ceux qui veulent un trône ont tant d’intérêt à ce que vous ignoriez cette vérité, qu’ils ont arrangé d’avance des mensonges afin que, si un brave homme vous parle comme je fais, vous ne le croyiez pas.

— Dites donc, monsieur, sans vous commander, reprend la femme au gros François, c’est immanquablement ce gouvernement-là que prêche le monsieur du château, seulement, lui, il lui donne un autre sobriquet… Attendez donc… un gouvernement…, ah mon Dieu ! qui est le meilleur, dit-il… Un gouvernement qui a le nom du journal à monsieur chose… dites donc, vous autres ?… Attendez, je vais le trouver… une monarchie…

— Ah ! fit le monsieur, une monarchie constitutionnelle. Non ! ce n’est pas du tout la même chose.

Dans la monarchie constitutionnelle, le pouvoir royal est limité par certaines lois et l’autorité des représentants de la nation ; c’est une digue, par exemple, qu’on met à une rivière, mais, gare à la digue quand les eaux sont fortes !… Du reste, quoi qu’on en ait dit, l’ascendant du roi n’est pas sans effet sur ceux qui l’approchent et qui ont intérêt à s’attirer ses bonnes grâces. C’est l’éternelle et triste histoire de millions d’hommes soumis à la volonté d’un seul et dormant sur un volcan.

À tout monarque il faut une cour dont les énormes dépenses seront couvertes par les impôts. Il faut des