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Page:Guinault - Un républicain au village (1876).pdf/12

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places pour les privilégiés, où celui qui travaille le moins gagne le plus. Les impôts sont toujours là, puisque, d’après ce que prétendent les rois et les royalistes, le bon Dieu a justement créé le peuple pour qu’il travaille, s’épuise et meure à leur service.

Si jamais j’avais pu me laisser éblouir par les promesses des princes, acceptant un tel état de choses, les faits actuels m’auraient complètement éclairé sur les véritables sentiments de ceux qui, sachant que leur présence est un sujet de troubles et de dissensions pour cette pauvre France meurtrie, sacrifient son repos à leur ambition.

En République pas de cour ruineuse, pas de liste civile ; le président est, pour ainsi dire, l’intendant de ce maître, le peuple, qui lui confie l’administration de ses biens dont il lui doit compte, et pour la gestion desquels il touche de modestes appointements. Les modifications, car les choses humaines ne sont jamais parfaites, se font sans bouleversement, puisque le peuple fait lui-même ses lois par l’intermédiaire de ses élus.

Les prétendants ne troublent plus par leurs manœuvres la paix publique, étant tous indistinctement repoussés. Le caprice d’un seul homme ne peut plus arracher les citoyens à leurs travaux, et les jeter palpitants sous le feu des canons.

— N’empêche que du temps de notre empereur, on vendait joliment sa marchandise, allez ! reprend le père Jean-Pierre.