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Page:Guinault - Un républicain au village (1876).pdf/13

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— Sans doute, mon ami, on vendait sa marchandise ; mais, est-ce comme vous le dites à votre empereur que vous le devez ? N’est-ce pas plutôt au développement de l’industrie, aux perfectionnements qu’ont apportés les agriculteurs intelligents, aux progrès qu’ont amenés les découvertes nouvelles ? — Ce n’est pas votre empereur qui a été la cause de ces biens ; mais ces biens se sont produits sous son règne comme cela aurait eu lieu sous tout autre gouvernement. Qui sait s’ils n’auraient pas été plus grands sous un régime honnête ? Considérons la fin des choses pour les juger avec équité.

Combien d’entre vous, dans ces temps malheureux, héritage de l’empire, ont perdu les économies amassées longuement et péniblement ! C’est par milliards qu’on peut compter les sommes jetées dans les fanges impériales. C’est l’argent que vous avez gagné à la sueur de votre front, au prix des plus dures privations, qui a payé les dettes de Bonaparte, le luxe de sa famille, les lâchetés des courtisans et les vices des courtisanes.

Ce sang qui ruisselle de tous côtés sur la terre, c’est celui des vôtres, c’est le sang français versé à flots pour que vous ne songiez pas aux caisses vides de l’État.

Mais, sondons la plaie jusqu’au fond. Examinons la moralité du gouvernement impérial et ses résultats : Les mauvaises passions ont été excitées partout, poison qu’on infiltre dans les veines et qui paralyse. En haut, un luxe immodéré et des mœurs honteuses ; chez le paysan, l’a-