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Page:Guinault - Un républicain au village (1876).pdf/14

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vidité insatiable du gain ; chez l’ouvrier, la haine contre le patron ; chez le bourgeois, l’égoïsme ; dans tous les rangs de la société, il a travaillé à la dépravation. Son but était de conserver son trône à tout prix ; aussi, rien n’a été épargné, et des surveillants gardaient la proie avec vigilance ; celui-là même qui est préposé aux plus pacifiques fonctions, avait en général pour mission de connaître vos opinions et de révéler vos actions, tant il craignait que vos cœurs honnêtes ne s’indignassent à la fin au récit des iniquités de l’empire.

C’est lui, l’homme de Sedan, qui, après nous avoir précipités dans l’abîme dont nous sortirons parce que nos cœurs français le veulent fermement, nous a préparé la guerre civile, en flattant et corrompant le peuple, pour s’en faire un appui dans les moments critiques. Il a sacrifié à son ambition plus que notre or, plus que le sang de nos frères, il a sacrifié la vertu du peuple.

— Vous avez raison tout de même, monsieur ; nous autres, paysans, nous n’avons pas la langue si déliée que les gens de la ville ; mais quand on nous dit la vraie vérité, sûr ! nous le voyons bien. De cet empereur, donc, n’en parlons plus, mais, dites-moi, son petit, ce n’est pas sa faute, à cet innocent, si son père nous a fourrés dans le guêpier.

— Ça, pour sûr, ce n’est pas sa faute, ai-je répondu, ma Phrasie ; mais, allez, père Jean-Pierre, il ne faut pas