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Page:Guinault - Un républicain au village (1876).pdf/21

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ce nom pour que vous soyez si effrayés, que vous ne vouliez plus seulement entendre prononcer le nom de République.

Non, la République n’a pas fonctionné librement ! non, elle n’a pas existé en réalité ! Parce que des faussaire ont contrefait sa signature, est elle solidaire de leurs infamies ? Un instant elle a apparu en 89 et cela a suffi pour vous arracher, comme je vous l’ai déjà dit, à l’esclavage ; pour donner les mêmes droits à tous, aux grands et aux petits, pour créer à tous, par conséquent, les mêmes devoirs.

Le peuple, voyez-vous, mes amis, est comme un bœuf patient attaché au joug ; il traîne longtemps son fardeau sans regimber contre l’aiguillon qui lui déchire les flancs ; mais tout à coup l’aiguillon entre dans la plaie : la douleur est trop vive, furieux, il brise tout, court, bondit, poussé par le désir ardent de respirer, libre, dans les champs qu’il aperçoit. Il s’élance pour franchir la haie qui le fait prisonnier… mais sa violente colère l’a épuisé ; il s’arrête… Le maître épiait ce moment. Il arrive, le flatte du geste, de la voix ; le captif n’a plus la force de lutter et le joug pèse de nouveau sur sa tête.

C’est ainsi que, deux fois, le peuple a brisé le joug pesant de la monarchie, qu’il a aspiré ardemment à cette grandeur morale, à ce bien être physique qui découlent de l’application des vrais principes républicains… il a touché l’égalité, entrevu la liberté, rêvé l’immense fra-