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Page:Guinault - Un républicain au village (1876).pdf/7

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nous autres, nous ne soyons plus une manière de dindon de la farce, comme dit cet autre. La mère Jean-Pierre avait raison tout de même, quand elle disait à son homme : « — Imbécile ! ne va pas au moins dire Oui pour ce Badinguet qui a fait tuer notre pauvre Natole au Mexique ! Tu es si bête que tu écouterais les finots qui viendront te chanter : L’Empereur par ci, l’Impératrice par là, le Prince impérial par l’autre, et toutes leurs balançoires… et que tu serais capable de te laisser fourrer dedans ! » — Nous autres, ça nous faisait rire et nous disions derrière la mère Jean-Pierre : « C’est une ancienne, ça bougonne toujours ! » Eh bien, il paraîtrait, ma Phrasie, que, si les hommes n’avaient pas mis oui dans la boîte au maire, il n’y aurait pas eu de bataille, ni tout ce qui s’ensuit, quoi ! Qui est-ce qui aurait dit : « Je vais mettre ce papier-là, c’est la guerre… je vais mettre l’autre, ce n’est pas la guerre ?… » Ah ! Seigneur ! c’est mon homme qui en a du chagrin, oui ! il a dit au souper à son frère : — « L’ami, tu sais, ce papier-là, ce n’est pas pour rire, ça vous mène loin ! » — « Bon, qu’il a répondu, mon Philippe, n’aie pas peur : chat échaudé craint l’eau froide !… »

— En voilà des raisons ! Vrai, ma Claudine, le républicain t’a jeté un sort, pour sûr. Le garde-champêtre dit comme ça que ce sont ces gens-là qui font les révolutions ; même on en a brûlé avant la guerre pour les empêcher d’offenser le bon Dieu.