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Page:Guinault - Un républicain au village (1876).pdf/8

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— Écoute, ma Phrasie, il ne faut pas répéter ce que tu entends dire à l’un, à l’autre. Mais je ne t’en veux pas, ce n’est pas ta faute si tu es jeune ! Je vais te raconter positivement ce que nous a dit hier le républicain.

Pour lors, mon homme avait donc eu des accointances avec lui, par rapport qu’il a hérité de notre ferme quand notre monsieur a été défunt. On s’arrange amicalement. Ça va bien ! « Philippe, qu’il dit à mon homme, j’irai vous voir au premier beau jour… » Pas plus tard qu’hier je l’aperçois donc qui arrivait la canne à la main. Bon. Nous étions en train de faner dans le clos ; il veut rester là et finalement il s’asseoit sur un tas de foin. Voilà les gars qui rentrent des champs et les voisins entendent dire qu’il y a chez nous un monsieur, ils arrivent pour savoir les nouvelles. C’est bien ! On jase, on jase, voilà les Prussiens sur le tapis ; les femmes qui avaient vu le monsieur viennent chercher leurs hommes pour manger la soupe.

Le gros François dit à sa femme : — « Laissez-nous donc tranquilles, vous autres, puisque monsieur nous instruit dans la politique, ça ne regarde pas les femmes. »

— Pourquoi ? dit le Monsieur, est-ce que celles qui donnent au pays leurs maris, leurs fils et leurs frères ne sont pas intéressées à en connaître la situation ? Combien, obéissant aveuglément à une fatale influence, se reprochent d’avoir entraîné les leurs à tel vote, cause d’irréparables malheurs ! Restez donc tous : La vérité est la