Aller au contenu

Page:Guindon - En Mocassins, 1920.djvu/136

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
132
en mocassins


 « Dans la mousse, à leurs pieds, se couchait la chevrette,
Tranquille, avec ses faons, sous les rameaux touffus,
Et pour les endormir, à travers l’épinette,
Le vent chantait tout bas des airs qu’il ne sait plus. »

« Le hurlement des loups, la voix faible des mânes,
Osaient seuls, par les nuits, affliger les échos ;
Les bois étaient un temple où les regards profanes
Jamais des manitous ne troublaient le repos. »

« Et dès que nous parlions, les vents et le tonnerre
Accompagnaient nos voix ; et les bois solennels
S’emplissaient de rumeurs, courbaient leur cime altière…
Oh ! combien nous étions respectés des mortels ! »

« Tel un rayon, vidant son écrin d’étincelles
Sur un tapis de mousse, à l’abri des sapins,
En orne de ses feux les velours, les dentelles ;
Tels, nous réjouissions les antiques matins. »

« Chantez, lointaines voix, chantez à mon oreille !
Résonnez, vieux rochers et profondeurs des bois !
Qu’à vos accents émus ma muse se réveille !
Chantez, voix du passé, le plaisirs d’autrefois ! »