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les algonquins

Chez eux comme chez les Iroquois la cruauté a ses règles et ses limites : ayant tiré des Puans cette vengeance exemplaire, les Illinois donnent la liberté aux femmes et aux enfants qui survivent et dont un certain nombre restent avec eux.[1]

Une coalition semblable anéantit les Mantouechs, une tribu dont l’ambition pique l’orgueil de ses voisins, dont l’humeur guerrière nuit à la sécurité générale et dont le succès éveille les jalousies.[2] On sauve ainsi le grand principe sauvage de l’égalité applicable aux nations comme aux individus.

Sauf exception, on n’est pas cruel par plaisir ; mais des exceptions de tous genres se rencontrent naturellement dans une famille aussi nombreuse et aussi dispersée que l’algonquine. Celui qui en aborde l’étude aurait tort de généraliser les premiers faits qu’il remarque. Si les Puans mangent tous les étrangers qui se présentent chez eux[3], si les Mississakis passent pour la moins sociable de toutes les nations[4] : non loin de ces deux peuplades, à l’entrée de la baie des Puans, vit une tribu qui pousse jusqu’à la passion le désir de passer pour hospitalière et généreuse[5].

  1. Voir de la Potherie : « Hist. de l’Amér. Sept. », p. 70 à 77.
  2. Voir de la Potherie, p. 81.
  3. Voir de la Potherie, p. 71.
  4. Voir de la Potherie, p. 60.
  5. Voir de la Potherie, p. 70.