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CHANT SECOND.


Tandis que nous chantons on égorge nos frères,
Les fils du même Dieu pour qui sont morts nos pères ;
Des femmes, des vieillards, des enfans massacrés,
De saints prêtres surpris dans les rites sacrés,
Des soldats qu’on trahit mais qu’on ne peut abattre
Et qui savent mourir s’ils ne peuvent combattre,
Ipsara voit encor sur ses rocs foudroyés[1],
Tomber tous ces martyrs au sang des leurs noyés,
Et leurs têtes au loin sur tous les mâts dressées[2],
Traverser l’Archipel, à Stamboul adressées[3].

Allez, ambassadeurs des monarques chrétiens,
De la Sainte-Alliance infidèles soutiens,
Le sérail triomphant vous invite à ses fêtes ;
De sept mille chrétiens allez compter les têtes,

  1. La lecture des désastres d’Ipsara fait frémir. Le cœur ne se repose de son indignation que pour admirer le dévouement des Grecs, qui, trahis et sans espoir de défense, se sont fait sauter avec leurs ennemis.
  2. Le capitan-pacha a envoyé en présent au sérail 7 000 têtes de Grecs plantées sur des piques et attachées aux mâts de ses vaisseaux.
  3. Byron employe toujours le mot de Stamboul : et je crois comme lui, que lorsqu’il s’agit des Turcs, Constantinople ou Bysance sont des noms peu convenables à la physionomie barbare de ces peuples.