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Page:Guiraud - Chants hellènes, 1824.djvu/41

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IPSARA.

Respirer avec calme, à l’ombre du croissant,
D’impudiques parfums et la vapeur du sang,
Et d’un aspect complice insultant les victimes,
Complimenter des yeux leurs bourreaux légitimes.

Rois de la vieille Europe où sont vos chevaliers ?
Fils de nos paladins où sont leurs boucliers ?
De leur sang qui s’indigne entendez les murmures,
Regardez s’agiter leurs poudreuses armures ;
Héritiers des Tancrède, enfans des Châtillons,
Dont le dernier Condé guidait les bataillons,
Si durant votre exil les encans populaires
N’avaient point spolié vos toits héréditaires,
Vous y retrouveriez ce fer des anciens preux,
Qu’au temps des grands exploits Damas forgeait pour eux,
Ces écus tout meurtris des glaives infidèles,
Attestant aux enfans les gloires paternelles,
Ces casques, ces cimiers d’un acier flamboyant,
Quand reluisait sur eux le soleil d’Orient,
Au sépulcre d’un dieu ces lances consacrées,
D’un sang toujours impie à jamais altérées.
Mais ces beaux souvenirs, s’ils manquent à vos yeux,
Vivent dans tous les cœurs au nom de vos aïeux ;
Et ne me dites pas qu’un orage funeste
A tout anéanti, puisque ce nom vous reste.
Partez, allez chercher jusqu’au pied de la croix,