Aller au contenu

Page:Guitton - Le Rouge - La Princesse des airs - En ballon dirigeable, 1900.djvu/172

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

saient – selon le tempérament de chacun – et qui était devenu, par sa faute, aussi misérable qu’eux-mêmes.

Le marquis-vagabond était connu de la police.

Il avait déjà été arrêté trois fois.

Aussi, comme on le savait complètement inoffensif, et parfaitement incapable de se rendre coupable d’un meurtre aussi odieux que l’assassinat du jeune Ludovic Rabican, ne fut-il retenu au commissariat que juste le temps qu’il fallait pour reconnaître son identité.

Mais il y en avait d’autres, parmi les vagabonds arrêtés, qui n’étaient ni des désespérés, ni des idiots, ni des résignés.

Presque tous dans la force de l’âge, un éclair de haine brillait dans leur regard.

On sentait qu’ils ne se résignaient pas encore, et qu’ils étaient très capables de se venger de ce qu’ils nommaient l’injustice de la Société à leur égard.

Fainéants d’instinct, pour la plupart ; d’autres, parmi eux, payaient chèrement une faute passée.

Lorsque la prison les avait rendus à la vie publique, ils avaient vu tous les ateliers, toutes les usines se fermer devant eux.

Nul ne désirait employer un criminel, ou quelqu’un ayant commis une faute si grave, que la justice avait été obligée de sévir contre lui.

Malgré tout, rien ne prouvait que ces gens eussent commis l’assassinat de Ludovic Rabican.