Aller au contenu

Page:Guitton - Le Rouge - La Princesse des airs - En ballon dirigeable, 1900.djvu/177

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Alberte ne quittait sa mère ni jour, ni nuit.

Elle lui faisait la lecture pendant de longues heures.

C’était la seule distraction que Mme Rabican se permît, et qui apportât quelque adoucissement à sa peine.

Alberte avait été, elle aussi, très douloureusement frappée de la fuite de son frère ; mais elle ne partageait pas, à ce sujet, l’opinion de ses parents.

Elle gardait en elle-même un espoir vivace, qu’aucune raison sérieuse, d’ailleurs, ne justifiait.

Le mystère, la soudaineté de la disparition de Ludovic étaient, pour l’enthousiaste et naïve jeune fille, des raisons suffisantes de conserver un peu de foi dans le retour ou le salut de son frère.

– Il est impossible, se disait-elle, que Ludovic, si intelligent, si brave, soit ainsi mort pour nous, du jour au lendemain. Avec sa folle imagination, il doit s’être lancé dans quelque aventure, poursuivre quelque chimérique entreprise… que sais-je ? Mais il n’est pas mort ; il nous reviendra. Une voix secrète me le dit.

Dans la ville, où le malheur du docteur Rabican ne cessait de faire le sujet de toutes les conversations, beaucoup de personnes, surtout parmi les jeunes gens, étaient de l’opinion d’Alberte.

Des légendes, même, s’étaient formées et circulaient dans les quartiers populaires.