Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/114

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châsse de la sainte croix ; mais les autres arrivant avec des lances et des épées, déchirant les vêtemens des religieuses et les mettant elles-mêmes presque en pièces, prirent dans l’obscurité la prieure pour l’abbesse, lui arrachèrent son voile, et l’entraînèrent par ses cheveux épars jusque dans la basilique de saint Hilaire, pour la remettre entre les mains des gardes : mais en s’approchant de la basilique, comme le ciel commençait un peu à blanchir, ils reconnurent que ce n’était pas l’abbesse et aussitôt ordonnèrent de la reconduire au monastère ; y retournant alors ils saisirent l’abbesse, l’entraînèrent et l’enfermèrent auprès de la basilique de saint Hilaire, au lieu où logeait Basine, mettant des gardes à la porte pour que personne ne vint au secours de leur prisonnière. Comme ils étaient entrés dans le monastère à la nuit noire et n’avaient pu trouver aucune lumière, ni flambeau allumé, ils tirèrent du cellier une tonne enduite de poix alors séchée. Ils y mirent le feu et s’en faisant un grand phare, enlevèrent à sa lueur tout le mobilier du monastère, ne laissant que ce qu’ils ne purent emporter.

Ces choses arrivèrent sept jours avant Pâques. L’évêque, très affligé de ce qui se passait et ne pouvant parvenir à apaiser cette diabolique sédition, envoya vers Chrodielde, disant : « Relâche l’abbesse, afin que, durant ces jours-ci, elle ne soit pas retenue dans cette prison ; autrement je ne célébrerai pas la Pâque du Seigneur, et aucun catéchumène ne recevra le baptême dans cette ville, à moins que tu n’aies fait délivrer l’abbesse des liens qui la retiennent captive. Si vous ne voulez pas la relâcher, je rassemblerai les citoyens et irai l’enlever. » À ces