Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/15

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

irruption dans la province d’Arles, enlevèrent beaucoup de butin, et emmenèrent captifs tous les habitants, jusqu’à dix milles de la ville. Ils prirent aussi un château nommné Beaucaire, désolèrent le pays et ses habitants, et s’en retournèrent sans avoir éprouvé aucune résistance.

Gontran-Boson qui était odieux à la reine, commença à s’adresser aux évêques et aux grands, et ce malheureux demandait le pardon qu’il avait jusques alors méprisé ; car depuis que régnait le roi Childebert le jeune, il avait souvent poursuivi la reine Brunehault d’injures et de paroles outrageantes, et il avait soutenu ses ennemis dans toutes les insultes qu’elle en avait endurées. Le roi, pour venger les injures de sa mère, ordonna qu’on le poursuivît, et qu’on le tuât. Se voyant en danger, il se rendit à la cathédrale de Verdun, ne doutant pas qu’il n’obtint son pardon par le moyen d’Agéric, évêque de cette ville, qui avait tenu le roi sur les fonts de baptême. Alors le pontife alla vers le roi, et le pria pour Gontran. Le roi ne pouvant le refuser lui dit : « Qu’il vienne devant nous, et qu’après avoir donné caution, il comparaisse en présence de mon oncle. Nous exécuterons tout ce que mon oncle aura décidé. » Il fut donc amené au lieu où demeurait le roi, dépouillé de ses armes et les mains liées, et fut présenté au roi par l’évêque. Se jetant aux pieds du roi, il lui : dit : « J’ai péché envers toi et envers ta mère, en n’obéissant point à vos ordres, et en agissant contre vous et contre le bien public. Je vous prie maintenant de me pardonner les offenses que j’ai commises contre vous. » Le roi lui ordonna de