Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/19

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ce qui est écrit : « Celui qui creuse la fosse y tombera[1]. » Magnovald fut nommé duc à la place de Rauchingue. Ursion et Bertfried se croyant assurés que Rauchingue pourrait accomplir ce dont ils étaient convenus, s’avançaient déjà avec une armée ; mais apprenant de quelle manière il avait été tué, ils ajoutèrent à leurs troupes une multitude de gens, qui consentirent à se joindre à eux, et se sentant coupables ils se renfermèrent avec tout ce qu’ils possédaient dans le château de Vaivresxi, voisin de la maison des champs d’Ursion, pensant que si le roi Childebert voulait entreprendre quelque chose contre eux, ils pourraient se défendre par la force de leur armée. Ursion était l’auteur et la cause de tout le mal. La reine Brunehault envoya vers Bertfried, et lui fit dire : « Sépare-toi de cet homme qui est mon ennemi, et tu auras la vie, autrement tu périras avec lui. » Car la reine avait tenu son fils sur les fonts de baptême, et à cause de cela voulait user de miséricorde envers lui. Mais il dit : « À moins que la mort ne m’en sépare, et jamais je ne l’abandonnerai. »

Pendant que cela se passait, le roi Gontran envoya de nouveau vers son neveu Childebert, pour lui dire : « Mets de côté tout délai, et viens, que je te voie, car il est absolument nécessaire que nous nous voyions, tant pour le bien-être de notre vie que pour les affaires publiques. » Childebert ayant entendu ceci, prit avec lui sa mère, sa sœur et sa femme, et alla trouver son oncle. Avec lui vint aussi Magneric, évêque de la ville de Trèves, ainsi que Gontran-Boson, dont s’était rendu caution Agéric,

  1. Ecclésiaste, ch. 27, v. 29.