Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/212

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
206
CHRONIQUE

carta point de la voie du bien, et lorsqu’il s’approchait de Dagobert, il se conduisait prudemment envers tout le monde, et adroitement en toutes choses. La jalousie des Austrasiens s’éleva contre lui, et ils s’efforcèrent de le rendre odieux à Dagobert afin de le tuer. Mais l’amour de Pépin pour la justice et sa crainte de Dieu le préservèrent de tout mal. Cette année il alla trouver le roi Charibert avec Sigebert fils de Dagobert.

Charibert étant venu à Orléans, tint Sigebert sur les fonts de baptême. Parmi les Neustriens, Æga était en crédit auprès de Dagobert.

Cette année, les députés Servat et Paterne, que Dagobert avait envoyés vers l’empereur Héraclius, revinrent auprès de lui, annonçant qu’ils avaient conclu une paix éternelle avec Héraclius. Je ne passerai pas sous silence les miracles opérés par Héraclius.

Pendant qu’Héraclius était patrice de toutes les provinces d’Afrique, le tyran Phocas, qui avait tué l’empereur Maurice et s’était emparé de l’empire, régnait avec cruauté, et jetait comme un fou les trésors dans la mer, disant qu’il faisait des présens à Neptune : les sénateurs voyant que par sa folie il allait détruire l’empire, formèrent un parti pour Héraclius, firent saisir Phocas, et après lui avoir coupé les pieds et les mains, et attaché une pierre au cou, on le jeta dans la mer. Héraclius du consentement du sénat fut élevé à l’empire. Un grand nombre de provinces avaient été, sous les empereurs Maurice et Phocas, dévastées par les invasions des Perses[1].

  1. L’histoire d’Héraclius et de ses guerres contre les Perses est trop conuue pour qu’il soit nécessaire de relever successivement toutes les