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CHRONIQUE

fort de Thouars, et en fit le siège : ce fort fut pris et brûlé avec une admirable promptitude. Pépin emmena en France les Gascons qu’il y trouva, ainsi que leurs comtes, et, toujours protégé du Christ, revint chez lui avec tous les Francs, chargé d’un immense butin. La querelle fut longue entre le roi Pépin et le prince Waïfer. Pépin, avec l’aide de Dieu, croissait de plus en plus, et devenait chaque jour plus puissant. Au contraire le parti de Waïfer et son pouvoir dépérissaient de jour en jour. Ce prince s’appliquait sans cesse à tendre des embûches et à faire quelque tort au roi des Francs. Il envoya le comte Mancion, son parent[1], avec d’autres comtes, du côté de Narbonne pour qu’ils s’opposassent à l’arrivée des garnisons que le roi Pépin faisait passer dans cette ville, avec mission de la défendre contre la nation des Sarrasins, ou pour qu’au moins ils arrêtassent et missent à mort les troupes des Francs lorsqu’elles retourneraient dans leur pays. Il arriva en effet qu’au moment où les comtes Australd et Galeman se remettaient en route avec leurs guerriers pour rentrer en France, ce Mancion, suivi d’une nombreuse bande de Gascons, se jeta sur eux et leur livra un rude combat. Mais Galeman et Australd, protégés de Dieu, le tuèrent avec ses compagnons. Aussitôt les Gascons prirent la fuite, perdirent tous les chevaux qu’ils avaient amenés, et un bien petit nombre d’entre eux réussit à s’échapper à travers les montagnes et les vallées. Les Francs, tout joyeux, rentrèrent dans leur patrie avec les chevaux et les dépouilles de leurs ennemis.

Pendant que les Francs et les Gascons se faisaient

  1. En 765.