Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/371

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rendre honneur, l’avait illustré par d’éclatants miracles, le roi crut le fait avec admiration, et commença à vénérer comme martyr celui qu’il avait d’abord jugé coupable d’après l’accusation du tyran. Alors celui dont, pendant longues années, son rival avait interdit de prononcer le nom, fut magnifiquement célébré dans le palais ; il y avait là une multitude de grands, savoir, des évêques et des nobles qui conversaient ensemble sur le saint martyr, et admiraient ce qu’ils entendaient rapporter. Ansoald, évêque de la ville de Poitiers, homme d’une grande sainteté, dit un jour : « Plût à Dieu que je pusse obtenir d’avoir son corps près de moi ! Il est connu qu’il était mon parent et que c’est d’une paroisse à moi confiée qu’il est sorti pour s’élever aux honneurs. » Là était le pontife Herménaire, successeur de Léger dans l’évêché d’Autun, et il dit : « J’ai le droit d’avoir son corps, car il est juste qu’il repose là où il fut évêque. » Alors aussi Vindicien, évêque d’Arras, dans le diocèse de qui Léger avait été tué, répondit : « Saints pontifes, il n’en sera pas comme vous l’avez dit, mais c’est à moi que sera donnée la possession de ce saint corps, car il appartient au lieu où il daigne reposer. » L’assemblée des évêques décida qu’on jeûnerait et ferait des prières, afin que le Seigneur daignent montrer dans le diocèse de qui devait reposer son serviteur. Cela dit, tous consentirent à la proposition ; on jeûna et on pria, et l’on écrivit trois petits billets qu’on posa sur l’autel, afin que, les oraisons finies, le Seigneur déclarât dans le lot de qui devait être le corps du saint martyr. Le lendemain, après l’oraison et les solennités de la messe, un des prêtres choisi par les