Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/83

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sénateurs, et dévot à Dieu depuis son adolescence. Il avait de son propre bien construit six monastères en Sicile ; il en institua un septième dans les murs de Rome, leur donna à tous les terres nécessaires pour fournir aux alimens quotidiens de la communauté, vendit tout le reste avec tout le mobilier de sa maison et le distribua aux pauvres ; et lui qui avait coutume de marcher par la ville couvert de vêtemens de soie et brillant de pierres précieusesv, maintenant vêtu d’un humble habitvi, se consacra au service des autels du Seigneur, et fut appelé par le pape pour le seconder en qualité de septième lévite. Il usait d’une telle abstinence dans sa nourriture, était si vigilant à l’oraison, si sévère dans ses jeûnes qu’à peine son estomac affaibli pouvait-il y résister. Il était si instruit dans les sciences de la grammaire, de la dialectique et de la rhétorique, que dans la ville il n’y avait personne qu’on crût pouvoir l’égaler. Il fit tous ses efforts pour éviter cet honneur, de peur de retomber, par l’acquisition d’une telle dignité, dans les vanités du siècle, qu’il avait rejetées. Il écrivit donc à l’empereur Maurice, dont il avait tenu le fils sur les fonts sacrésvii, le conjurant et lui demandant avec beaucoup de prières de ne point accorder au peuple son consentement pour l’élever aux honneurs de ce rang ; mais Germain, préfet de la ville de Rome, devança son messager, et l’ayant arrêté, déchira les lettresviii et envoya à l’empereur l’acte de la nomination faite par le peuple. Maurice qui aimait le diacre, rendant grâces à Dieu de cette occasion de l’élever en dignité, envoya son diplôme pour le faire sacrer. Comme on tardait à le consacrer et que la contagion continuait à