Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/158

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pontife, avant de descendre pour dire Vigile, demanda à boire : un serviteur vint, et lui apporta aussitôt la boisson. Dès qu’il eut bu, il rendit l’esprit ; d’où l’on a soupçonné qu’il avait été tué par le poison. Après sa mort, Injuriosus, citoyen de la ville, fut élevé à la chaire pontificale : ce fut le quinzième évêque après saint Martin xxix.

Tandis que la reine Clotilde habitait Paris, Childebert, voyant que sa mère avait porté toute son affection sur les fils de Clodomir, dont nous avons parlé plus haut, conçut de l’envie ; et, craignant que, par la faveur de la reine, ils n’eussent part au royaume, il envoya secrètement vers son frère le roi Clotaire, et lui fit dire[1] [vers l’an 533] : « Notre mère garde avec elle les fils de notre frère, et veut leur donner le royaume ; il faut que tu viennes promptement à Paris, et que, réunis tous deux en conseil, nous déterminions ce que nous devons faire d’eux, savoir si on leur coupera les cheveux, comme au reste du peuple, ou si, les ayant tués, nous partagerons également entre nous le royaume de notre frère. » Fort réjoui de ces paroles, Clotaire vint à Paris. Childebert avait déjà répandu dans le peuple que les deux rois étaient d’accord d’élever ces enfants au trône : ils envoyèrent donc, au nom de tous deux, à la reine qui demeurait dans la même ville, et lui dirent : « Envoie-nous les enfans, que nous les élevions au trône. » Elle, remplie de joie, et ne sachant pas leur artifice, après avoir fait boire et manger les enfants, les envoya, en disant : « Je croirai n’avoir pas perdu mon fils, si je vous vois succéder à son royaume. » Les enfans,

  1. Vers l’an 533.