Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/159

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étant allés, furent pris aussitôt, et séparés de leurs serviteurs et de leurs gouverneurs ; et on les enferma à part, d’un côté les serviteurs, et de l’autre les enfants. Alors Childebert et Clotaire envoyèrent à la reine Arcadius, dont nous avons déjà parlé, portant des ciseaux et une épée nue. Quand il fut arrivé près de la reine, il les lui montra, disant : « Tes fils nos seigneurs, ô très glorieuse reine, attendent que tu leur fasses savoir ta volonté sur la manière dont il faut traiter ces enfans ; ordonne qu’ils vivent les cheveux coupés, ou qu’ils soient égorgés. » Consternée à ce message, et en même temps émue d’une grande colère, en voyant cette épée nue et ces ciseaux, elle se laissa transporter par son indignation, et, ne sachant, dans sa douleur, ce qu’elle disait, elle répondit imprudemment : « Si on ne les élève pas sur le trône, j’aime mieux les voir morts que tondus. » Mais Arcadius, s’inquiétant peu de sa douleur, et ne cherchant pas à pénétrer ce qu’elle penserait ensuite plus réellement, revint en diligence près de ceux qui l’avaient envoyé, et leur dit : « Vous pouvez continuer avec l’approbation de la reine ce que vous avez commencé, car elle veut que vous accomplissiez votre projet. » Aussitôt Clotaire, prenant par le bras l’aîné des enfants, le jeta à terre, et, lui enfonçant son couteau dans l’aisselle, le tua cruellement. À ses cris, son frère se prosterna aux pieds de Childebert, et, lui saisissant les genoux, lui disait avec larmes : « Secours-moi, mon très bon père, afin que je ne meure pas comme mon frère. » Alors Childebert, le visage couvert de larmes, lui dit : « Je te prie, mon très cher frère, aie la générosité de